Retour du colloque Nous et l’Animal – partie 1

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Le  7 Février 2014 a eu lieu un colloque organisé par Ecolo Ethik intitulé « Nous et l’Animal » au Palais du Luxembourg, siège du Sénat.

Vous trouverez ci-dessous, quelques notes prises durant cette journée d’étude. Elles sont incomplètes, tous les intervenants ne sont pas cités, mais cela vous donnera un aperçu des messages et réflexions transmises au public.

Nous avons eu la chance de pouvoir participer à cette grande journée d’échanges et de rencontres sur la relation Homme -Animal. 500 demandes d’inscriptions ont été enregistrées par Ecolo Ethik, pour seulement 250 places. Il faut dire que leur affiche était alléchante avec 3 Co-Présidents  bien connus du public :

  • Yves Coppens
  • Mathieu Ricard
  • Boris Cyrulnik

Durant cette journée, de grands noms sont venus :

  • nous parler des animaux et des liens que nous humains nous lions avec eux,
  • nous présenter les synthèses de tables rondes sur des thèmes prédéfinis en lien avec l’homme et l’animal,
  • réfléchir à l’évolution des droits des animaux dans le code civil.

Il va être délicat et complexe de synthétiser cette journée, tant il y a eu de choses différentes abordées et passionnantes.

Pour commencer, voici la synthèse de la matinée. La synthèse de l’après-midi, sera partagée avec vous sur ce site prochainement.

Yves Coppens démarre la journée. Il nous rappelle que l’histoire de l’univers s’est établie en 14 Milliards d’années. L’univers s’est développé selon un processus aujourd’hui connu. Nous sommes passés de la matière brute, vivante, puis pensante avec l’animal et l’humain. L’histoire de l’humain et de l’animal n’est donc qu’une seule et même histoire pour Yves Coppens, paléonthropologue.

Boris Cyrulnik commence son intervention avec une question : Qui a le droit d’avoir des droits ? L’humain a t’il des droits par ce qu’il a la parole ? Il nous présente sa réflexion à ce sujet, et nous interpelle sur les humains qui n’ont pas ou plus la parole pour diverses raisons (santé, trouble cognitif, bébé, carence affective ou sociale, etc). Ces humains qui n’ont pas la parole ont-ils moins de droit que les autres ?

L’animal, la nature en général, est pleine de connaissance insoupçonnée pour l’humain. Boris Cyrulnik, nous apprend entre-autre, que l’acétylcholine a été découverte grâce à une limace de mer.  Savez-vous à quoi sert l’acétylcholine ? C’est son déficit qui est responsable de la mémoire des mots dans la maladie d’Alzheimer. C’est en étudiant cette grosse limace, que nous avons pu avancer sur une meilleure connaissance de la maladie d’Alzheimer.

Les animaux sont sujets de langage, ils peuvent apprendre, résoudre des problèmes, créer et inventer (certains singes savent fabriquer des échelles). Ce sont des sujets d’émotions, d’actions, d’anticipation et de personnalisation.

Il conclura en disant que si un humain atteint de la maladie d’Alzheimer, sans parole a des droits, alors l’animal a des droits lui aussi.

Matthieu Ricard (Moine Boudhiste) prendra ensuite la parole et évoquera la question de l’égalité entre l’homme et l’animal. Il évoque le fait que tout le monde y perd à ne pas respecter les être non-humain. 30% des espèces animales auront disparues d’ici 2050 (c’est dans pas longtemps!). Pour Matthieu Ricard, les animaux dans notre société deviennent des objets de consommation. Pour lui, il y a deux raisons à cela :

– l’ignorance : les personnes n’ont pas conscience et ne savent pas que les animaux ont des émotions. La loi appuie sur cette ignorance puisqu’actuellement dans le code civil, un animal est considéré comme une chaise, et donc une chose.

– l’idéologie : exemple de la chasse à cours ou la Corrida.

Pour Matthieu Ricard, la compassion est nécessaire et suffisante pour respecter l’animal comme un être sensible.

Il conclura son intervention par une phrase de La Martine « On a pas deux cœurs, un pour l’humain et l’autre pour l’animal. On a un cœur ou on en a pas » et en nous rappelant qu’étendre notre altruisme est possible pour chacun d’entre nous.

Première table ronde :

La reconnaissance de l’animal par la science et la pensée.

Présentation et conclusion du groupe de travail

Gregory Berns[1], professeur en neuro-économie à l’Université de Emory à Atlanta (États-Unis), s’est lancé le défi de comprendre et analyser les émotions du chien à travers l’analyse de son cerveau, aidé d’un scanner. Grâce à ses collègues et son ami et éducateur canin Mark Spivak, l’expérience a pu aboutir au bout de deux ans.

Le chercheur a analysé le cerveau des chiens grâce à l’imagerie par résonance magnétique, l’IRM, pour comprendre les réactions de nos chiens face à certains stimulis. Comme les chiens ne parlent pas, il était difficile de mesurer leurs émotions scientifiquement, en tout cas jusqu’à cette incroyable expérience.

C’est donc avec sa chienne nommée Callie, un croisé terrier, que débute l’expérience que le chercheur détaille au New York Times. Gregory Berns a entraîné sa chienne à entrer dans un scanner pendant plusieurs semaines avec son ami éducateur canin. L’ergonomie du scanner a été pensée et réalisée pour accueillir des chiens.

À base de méthodes douces, l’expérience s’est voulue respectueuse du chien, sans sédatifs ni contraintes. Le chercheur a même fait signer un document ressemblant à celui donné aux parents lorsque des enfants entrent dans un scanner.

En somme, si le chien ne se sentait pas bien parce qu’il présentait des signes d’agitation ou de peur, son maître pouvait à tout moment arrêter l’expérience. Rappelons qu’il n’y a pas eu d’anesthésie, le but étant d’observer un cerveau en total éveil.

L’expérience, qui a réuni douze chiens, permet au chercheur d’avancer que nos amis canidés pourraient avoir le même degré de sensibilité et d’émotions que nous les humains, au stade de l’enfance. Quand on se souvient du nombre d’émotions qui nous ont traversé étant enfant, il est tout de même formidable de reconnaître scientifiquement cette capacité chez le chien. En effet, grâce notamment à deux signaux de la main envoyés au chien durant l’expérience, il a été déterminé qu’une zone commune du cerveau chez les humains et les chiens était stimulée. Le chercheur explique :

Beaucoup de choses similaires qui activent le noyau codé chez l’humain, associées à des émotions positives, activent également le noyau codé du chien. Cette capacité nous oblige à repenser la façon dont nous traitons les chiens. Les chiens sont aussi des personnes.

Cette zone, appelée noyau codé, nous permet de réagir avec grande émotion à l’amour, la nourriture ou encore l’argent. Chez le chien, cette zone déclenche des émotions similaires qui sont liées à l’amour ou encore à l’attachement. En observant cette zone du cerveau, les chiens réagissent par exemple à l’odeur humaine qui les stimule à nous faire la fête lors de notre retour, alors que nous sommes partis seulement un court instant, ou encore à l’odeur de la nourriture.

C’est donc une formidable découverte scientifique qui vient appuyer l’expertise de l’observation comportementale des animaux en général puisque cette zone du cerveau est commune à beaucoup d’autres animaux. Elle prouve donc que nos chiens sont bel et bien dotés d’émotions, d’amour, d’attachement ou encore d’une sensibilité similaire à celle d’un enfant. De quoi prouver aux plus septiques la véritable place que doivent occuper nos chiens dans la société : des êtres vivants dotés de sensibilité et non des biens matériels comme les considère la loi, ce qui entraîne des dérives comme les chiens de laboratoire ou encore les usines à chiots.

Cette expérience est intéressante car l’IRM fait entrer l’animal dans le monde de l’humain. Et on constate que l’animal est à la fois très proche et très différent de l’humain.

Finalement de qui parlons nous quand nous parlons des animaux ? Nous parlons d’individus relationnel et rationnel. C’est une relation complexe.

Il y a une stupéfiante réalité entre :

  • ce que nous savons des animaux,
  • et les droits des animaux.

Si vous pensez que votre chien est intelligent, alors vous lui poserez des questions intéressantes.

Les émotions et les cognitions sont liées. Des animaux sujets à des situations de stress important, réagissent et anticipent les fois suivantes. Cela montre bien, qu’il y a un lien entre les émotions et la cognition.

Pour finir cette matinée, nous avons eu une téléconférence avec Peter Singer (Philosophe Australien) en visioconférence sur la question de la naissance et l’évolution de l’éthique animale. Il reprend sans le savoir les fondements de Boris Cyrulnik. Des êtres humains qui ne sont pas capables de raisonner et pourtant ils sont des droits. Pour Peter Singer, raisonner est tellement différent entre les humains que cela ne peut pas être un socle pour penser l’égalité.

Nous avons en commun avec l’animal le désir d’avoir une vie meilleure et d’éviter les souffrances. Il est de notre responsabilité d’humain de défendre les animaux.

Voilà pour les notes prises de cette matinée, rendez-vous prochainement sur www.coeurdartichien.fr pour découvrir la deuxième partie !

Bonne semaine !

Aurélie Vinceneux pour

Coeur d’Artichien Médiation Animale



[1] Source le Guide du Chien pour l’étude scientifique de Grégory Berns : http://www.guide-du-chien.com/chiens-memes-emotions-sensibilites-quun-enfant-preuve-scientifique/

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2 Commentaires pour “Retour du colloque Nous et l’Animal – partie 1”

  1. 1Arnaud

    Merci. J’aurai bien aimé être là. Je suis tout de même content de lire un si bon résumé 😉

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