L’utilisation thérapeutique de l’animal auprès des enfants (VivaZoo,Québec)

dimanche, 31 octobre 2010, 12:32 | Catégorie : La relation Enfant-Animal, Médiation par l'animal

Voici un article trouvé sur le site de VivaZoo crée par Nadine Mailloux ; éducatrice spécialisée et Zoothérapeute au Québec. Il est toujours enrichissant de pouvoir échanger avec des professionnels du monde entier.

vivazoo-coeurdartichienL’animal fait partie de l’univers de l’enfant. Il suffit d’observer attentivement la dynamique des interactions entre eux pour découvrir tout le potentiel sous-jacent. Les bienfaits de l’animal sur l’enfant sont multiples et à la fois complexes. Aussi, l’utilisation thérapeutique de l’animal est de plus en plus courante et convient autant à l’enfant «normal» ou présentant des handicaps d’ordre sensoriel, psychologique, intellectuel, physique ou social. Fort de son expérience dans le domaine de la thérapie assistée par l’animal (T.A.A.), Zoothérapie Québec a développé une gamme de services réservés à l’enfance : la zoothérapie proprement dite et la zoothérapie éducative, pour ne nommer que ceux-là. Voici donc un bref aperçu de ces deux programmes d’intervention destinés aux enfants.

L’animal dans la vie de l’enfant

L’animal fait une entrée précoce dans la vie de l’enfant. Très tôt, il fait partie intégrante des représenta­tions de celui-ci. Il suffit de penser à l’ourson de peluche que l’en­fant trimbale avec lui, à l’ani­mal des contes de fées ou à l’animal-jouet par exemple. L’animal vivant permettra lui aussi à l’en­fant de nombreuses réalisations. Plusieurs auteurs suggèrent que les changements ou les enjeux développementaux surgissant tout au long de l’enfance peuvent être faci­lités par l’animal.

Selon Levinson (1), l’animal n’a pas d’attentes idéalisées envers l’enfant et accepte ce dernier pour ce qu’il est et non ce qu’il devrait être. Ainsi, cette acceptation inconditionnelle qu’on reconnaît à l’animal permet à l’enfant de se sentir valorisé et aimé en tout temps, ce qui est très important à l’âge scolaire où sa compétence et son image de soi sont souvent mises à l’épreuve.

Le pouvoir  apaisant et sécurisant de l’animal chez l’enfant est maintenant bien reconnu

Selon Bouchard et Delbourg (2), toucher le chien contribue à réduire l’anxiété vécue après une situation de stress. George (3) souligne quant à lui que l’animal permet à l’enfant de développer son estime de lui-même, le sens de l’accom­plissement, sa responsabilisation, sa socialisation et son esprit coopératif. De plus, son pouvoir de catalyseur social, favorisant les interactions de l’enfant avec les autres, est aussi souligné par Condoret (4). Ce dernier mentionne en plus l’importance de la présence de l’animal pour satisfaire des besoins affectifs du jeune et tout spécialement son besoin de communiquer. Comme le mentionne Montagner (5), l’animal est un partenaire d’interaction intéressant pour l’analyse des systèmes de com­munication de l’enfant. Ainsi, l’inter­action de l’enfant et de l’animal nous révèle beaucoup d’informations sur lui-même et sur sa capacité d’interagir avec les autres.
La T.A.A. pratiquée en milieu scolaire auprès d’enfants ayant des handicaps multiples

Dans les écoles spécialisées de la grande région métropolitaine se pra­tique régulièrement de la thérapie assistée par l’animal, communément appelée zoothérapie, auprès d’enfants ayant des handicaps, qu’ils soient sen­soriels, moteurs, intellectuels ou men­taux. On peut définir la zoothérapie comme étant une intervention indi­viduelle ou de groupe où un animal sélectionné et entraîné est introduit par un intervenant qualifié auprès d’une personne chez qui on veut développer le potentiel affectif, moteur, cognitif et social (6). Pour cha­cun des enfants ciblés, un plan indi­viduel d’intervention en zoothérapie est développé et s’insère dans un pro­gramme général de traitement. La création du plan d’intervention en zoothérapie nécessite une étroite col­laboration entre l’enseignant, l’éduca­teur spécialisé et l’intervenant en zoothérapie. On y retrouve l’analyse des besoins de l’enfant et du milieu, la formulation d’ob­jectifs à atteindre et les stratégies d’interventions les plus appropriées  à  réaliser au moyen de l’animal. Les principes de base de  tous types d’interventions étant :

1. de ne pas placer l’enfant dans des situations d’échecs probables;
2. d’augmenter progressive­ment la complexité des apprentissages;
3. d’optimiser le développement social, affectif, cognitif, sensoriel et moteur de l’enfant;
4. de permettre à l’enfant de vivre une expérience positive en compagnie de l’animal;
5. de renvoyer à l’enfant une image positive de lui-même;
6. d’encourager et récompenser toute initiative et réalisation, aussi petite soit-elle

Les activités proposées

L’intervenant en zoo­thérapie propose toute une gamme d’activités en lien direct avec l’animal (le brosser ou marcher en laisse avec lui) ou en lien indirect (images d’un livre 1. de ne pas placer l’enfant développement ou casse-tête d’animaux par exemple). Les activités proposées doivent être dynamiques afin d’aug­menter le niveau d’éveil de l’enfant, maintenir son intérêt et l’encourager à l’action. Bien plus encore, elles permettent à l’en­fant de développer sa coordination motrice, d’augmenter le contrôle de ses émotions, de favoriser ses habiletés de communication et aussi de diminuer son agitation. Une grille d’observation des comportements durant l’activité de zoothérapie per­met de suivre l’évolution de l’enfant.

La stimulation sensorielle s’avère une intervention à privilégier. Comme le mentionne Ross (7), directeur d’un pro­gramme de zoothérapie pour des jeunes ayant des handicaps variés, l’apprentissage est stimulé et renforcé par une approche directe, tactile et sensorielle incluant l’animal. Le chien, de par la texture de ses poils, son odeur, ses aboiements et sa chaleur, capte l’attention et l’in­térêt de l’enfant chez qui il provoque de nombreuses actions. L’animal s’avère donc un outil très précieux pour diminuer la tendance au retrait de l’enfant ayant un handicap. Il facilite ainsi à l’intervenant en zoothérapie d’entrer en relation avec celui-ci et de pénétrer sa réalité intérieure

Une recherche menée par Redefer et Goodman8 auprès d’une population d’enfants autistes révèle que les inter­ventions réalisées avec un animal, introduit par un intervenant qualifié, ont un impact très positif sur les com­portements de ces enfants très retirés socialement. La stimulation sen­sorielle au moyen de l’animal permet à un enfant replié sur lui-même de se tourner davantage vers le monde extérieur, dimi­nuant ainsi toute forme de com­portements inap­propriés (automu­tilations, mouve­ments stéréotypés) et permettant l’augmentation de ses comportements sociaux appropriés (contact visuel avec l’animal, imi­tation des gestes de l’intervenant). Par exemple, en léchant la main de l’enfant autiste, le chien lui permet de prendre contact avec la réalité en prenant conscience de l’autre. Il lui permet d’apprivoiser progressivement le contact physique servant ainsi de médiateur entre le rejet des contacts sociaux et l’acceptation des relations interpersonnelles. Ayant désormais l’attention de l’enfant, l’inter­venant en zoothérapie peut donc poursuivre d’autres objectifs de travail avec l’en­fant.

La zoothérapie éducative

Voici un autre programme d’intervention destiné aux jeunes du milieu scolaire de secteurs régulier ou en cheminement particulier (en troubles d’apprentissage et de comportement par exemple). L’animal accompagne l’intervenant à chacune des activités et il est utilisé en tant qu’instrument pédagogique.

Élaboré par Zoothérapie Québec, ce programme vise à améliorer chez les enfants leur connaissance du monde animal en présentant positivement la compagnie de l’animal tout en illustrant bien de façon pratique et réaliste les obligations et les notions de sécu­rité qui s’y rattachent. De semaine en semaine, les enfants acquièrent de nouvelles connaissances théoriques et pratiques concernant le chien. L’animal devient donc un prétexte pour l’apprentissage de notions académiques tels l’enrichissement du vocabulaire, la physiologie, la repro­duction et la protection de l’environ­nement. Tout au long du projet, les enfants seront invités au travail de coopération avec les pairs et au respect de l’autre. Ils participeront activement aux démonstrations de l’intervenant et aux jeux de rôles en présence de l’animal. Ce projet se clô­ture par une exposition où les enfants transmettent aux jeunes de l’école et aux parents le bagage d’information reçu les semaines précédentes.

Ce projet pédagogique original cadre parfaitement avec les objectifs fixés par le ministère de l’éducation sous-tendant que les pédagogies par projet rendent les jeunes actifs dans leur apprentissage ce qui a pour effet de stimuler leur motivation et leur investissement scolaire. Il paraît donc important de permettre à l’enfant des apprentissages académiques et so­ciaux au moyen d’activités stimu­lantes, accessibles et amusantes.

L’intervenant utilisera l’animal à la fois pour sti­muler les jeunes à l’action et pour les aider à se calmer. Il favorisera aussi des échanges entre les jeunes et per­mettra de solu­tionner des con­flits. Aussi, l’inter­venant invitera les enfants à exprimer leurs besoins, leurs émotions ou leurs expériences par le biais de l’animal. Ce dernier, en étant un dérivatif à l’anxiété, permet à l’enfant l’expression de ses émotions et la libération de ses angoisses permettant ainsi un meilleur fonc­tionnement à l’école.

L’expérience démontre que lors des activités, il est relativement facile d’obtenir l’attention et la collaboration des jeunes. L’animal aide l’enfant à se respon­sabiliser et à découvrir ses capacités, comme par exemple ses capacités à réaliser des projets individuels et collectifs. En fait, il sert d’auxiliaire permettant l’émergence des capacités de l’enfant, capacités qui ne peuvent parfois pas s’exprimer dans le système scolaire conventionnel. Dans le même ordre d’idées, les différents intervenants de l’école découvrent eux aussi des compétences chez des enfants qui ne les laissaient pas soupçonner, comme par exemple chez des jeunes vivant des échecs scolaires répétés. L’animal constitue un très bon médiateur pour renvoyer à l’enfant une image posi­tive de lui-même et déclencher la motivation à des activités académiques, comme enrichir la lec­ture, la rédaction et la recherche.

D’après Montagner (9), l’animal constitue une source concrète d’exem­ples pour le vocabu­laire, les phénomènes vitaux et les conduites humaines. Ce dernier va même plus loin, il prétend que l’animal peut jouer un rôle très important dans le développement émo­tionnel de l’enfant, dans le développement des systèmes de com-munication, des processus de socialisation, des sys­tèmes cognitifs d’apprentissage, de la créativité et de l’imaginaire. La zoothérapie éducative peut donc rap­procher les jeunes de l’école et par le fait même, contribuer à avoir des effets non négligeables sur des problé­matiques telles la motivation sco­laire, l’absentéisme et l’indiscipline.

Conclusion

En somme, la thérapie assistée par l’animal se veut une approche d’in­tervention contribuant à améliorer la qualité de vie de nombreux enfants, qu’ils présentent ou non un handi­cap. Ainsi, auprès d’une population lourdement atteinte, l’animal procure une source de sti­mulation sensorielle importante de par le contact et les acti­ vités qu’il suscite. Le climat sécurisant et supportant instauré durant une session de zoothérapie est propice à des réali­sations de toutes sortes. De plus, l’in­troduction d’un ani­mal familier à l’é­cole dans le cadre du programme de zoothérapie éducative démontre une autre facette de l’application thérapeutique au moyen de l’animal. Les intervenants œuvrant dans le domaine de l’enfance peuvent donc considérer la zoothérapie comme une méthode d’intervention efficace et complémentaire au plan de services régulier.

Références

1. Levinson, B.M. (1978). Pets and personnality development, Psychological Reports, 42, 1031-38.
2. Bouchard , C. et Delbourg, C. (1995). Les effets bénéfiques des animaux sur notre santé, Paris : Éd. Albin Michel.
3. George, M.H. (sans date). Child therapy and animais.    In    Charles    et    Schaefer    (Éd.), Innovative interventions in child and adolescents therapy, 14, 400-418.
4. Condoret, A. (1973). L’animal compagnon de l’enfant, Paris : Fleurus.
5 et 9 Montagner, H. (1995). L’enfant, l’animal et l’école, Paris : Bayard Éditions.
6. Martin, F. et  Brousseau, C. (1998). La zoothérapie de A à Zoothérapic Québec., Montréal : Zoothérapic Québec.
7. Ross, S.B. (1983). L’utilisation des animaux dans la thérapie des handicapés, Revue inter­nationale de l’enfant, 56, 27-41.
8. Redefer, L.A. et Goodman, J.F. (1989). Brief report : Pct-facili-tated therapy with autis-tic children, Journal of autism and developmen-tal disorders, 19, 3, 461-467.

Source

ANNIE BERNATCHEZ, psychologue,
Coordonnatrice des activités cliniques, Zoothérapie Québec

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