Éole, surnommé le grand Loulou, le petit loulou étant notre petit Berger des Shetland. C’est un drôle de chien celui-là. Il n’a rien fait comme les autres. Nous le voulions calme et futur chien de travail pour la médiation animale, il s’est avéré hyperactif. C’est un Berger Australien certes, mais pas n’importe lequel. Petit quand nous l’avons eu, il ne dormait pas la nuit, ni la journée, ou très peu. Tout le temps en action, sans limites apparentes. Difficile pour lui de se contenir.

Ils nous a obligé à réfléchir et à remettre en question tout ce que nous pensions savoir sur l’éducation des chiens. Mais si cela s’était arrêté là ? Que nenni, il s’est mis à boiter à l’âge de 5 mois. Après radios, soins en tout genre, nous avons appris qu’il était dysplasique. Pourtant nous connaissions les risques de dysplasie chez les Bergers Australiens. Les parents étaient testés, et nous avions pris grand soin qu’il ménage ses articulations pendant sa croissance. Là ça se corse pour nous ! Un chien hyperactif qui boite et qui doit être raisonnable dans ses mouvements ? « Mais Voyons donc ! » comme diraient nos voisins du Québec. On complétera le tableau idyllique d’Eole, en comprenant grâce à des comportementalistes expérimentés, qu’Eole n’a pas tout les codes canins. Par exemple, lorsqu’il appelle les autres chiens au jeu, il leur aboie dans les oreilles, ce qui a l’art d’escagasser les autres chiens qui parfois se retournent sur lui et l’agressent parfois s’ils se sentent terrorisés. « Il est comme moi, c’est un chien phobique social, il n’a pas les codes sociaux de ses congénères » me dira un jour une adolescente atteinte de cette maladie.

Je ne vous cache pas que nous avons passés quelques mois difficiles à comprendre et décoder ce fameux langage « Eolien« . Nous avons appris au fil du temps, avec patience, beaucoup de travail et de remise en question à nous respecter mutuellement, à nous apprivoiser. On a bosser dur, et au final au bout de 3 années de travail, il a été validé chien médiateur (avec restriction pour les personnes qui ne sont pas stables sur leurs pattes).

C’est un chien qui a gardé des défauts, mais que nous avons souhaité utiliser comme atouts dans notre travail au quotidien auprès des bénéficiaires. C’est un chien qui n’a pas une once d’agressivité, mais qui peut faire peur car il est puissant et très actif. Il fait un travail formidable auprès des adolescents (ses préférés ? les hyperactifs bien sur), et des adultes en situation de handicap mental qui ne prennent pas en compte l’autre, où qui sont envahissant physiquement.

Nous faisons des ateliers freesbee. L’occasion de se recentrer sur soi, de se faire obéir par un chien sans utiliser la force, ni les cris ni les coups ! Certains bénéficiaires essaient un court instant de braver les interdits mais Eole est plus fort qu’eux, et ils comprennent rapidement, que s’ils veulent travailler avec lui, il va falloir respecter les consignes et un cadre précis. C’est un chien qui a l’art de mettre les gens au travail, et c’est en cela que ce n’est pas un chien ordinaire, mais bien extra-ordinaire !

J’ai souhaité partager cet article avec vous pour rappeler qu’un chien médiateur est avant tout un chien ! Comme tout être vivant, il a des défauts et des qualités. A partir du moment où l’animal est validé comme « apte à la pratique de la médiation animale » par un professionnel du comportement canin qui connait la médiation animale et qu’il ne montre aucun danger pour le public, tout comportement « original » est un vecteur de communication pour faire de la médiation. Ce n’est pas le chien qui fait le travail, mais bien l’humain qu’il y a au bout de la laisse qui se saisit du comportement de l’animal pour faciliter la communication avec l’humain en difficulté.

Aujourd’hui Eole a 5 ans, et j’en profite pour le remercier pour tout ce qu’il m’a appris sur les chiens !

Bon anniversaire Eole !!