Des cochons d’inde comme partenaires de travail ? Et pourquoi pas !

Nantes mediation animale cochon d'inde mediateurOrlane est psychologue clinicienne et intervenante en médiation animale depuis plus de 3 ans chez Coeur d’Artichien. Après une formation en interne sur le terrain au sein de Coeur d’Artichien, il était convenu à son arrivée dans l’association qu’il était nécessaire qu’elle puisse approfondir sa formation en médiation animale en faisant en 2015-2016 le DURAMA. Cette formation l’a amené à adopter une attitude réflexive sur cette pratique si singulière. Chose essentielle dans tout métier dans la relation d’aide. Elle partage avec vous aujourd’hui la synthèse de son travail de mémoire universitaire  » Des cochons d’inde comme partenaires de travail ? Et pourquoi pas ! » Bonne lecture à tous. Aurélie. 

Dans le cadre du DURAMA, il nous était demandé de présenter un travail de recherche, un mémoire, sur un sujet libre. De nombreux thèmes m’intéressaient mais très vite, un m’a paru évident : celui qui faisait la spécificité de ma pratique et qui étonnait, intriguait souvent et faisait naître parfois certaines réticences : le travail avec les cochons d’Inde !

L’accompagnement de personnes fragilisées avec des Nouveaux Animaux de Compagnie est certes en pleine expansion mais est-il vraiment pertinent ? Est-ce un effet de mode ou a-t-il de véritables bénéfices ? L’ayant expérimenté un peu par hasard il y a trois ans à mes débuts chez Cœur d’Artichien, je n’ai eu de cesse de faire évoluer cette pratique, la développer et en ai tiré des bienfaits que je n’avais même pas imaginés et dont je voulais rendre compte et objectiver.

Dans le cadre de ce mémoire, je me suis donc posée les questions suivantes : Les programmes de Médiation animale associant les cochons d’Inde sont-ils aussi pertinents que ceux plus couramment proposés avec le chien ou le cheval ? Revêtent-ils un intérêt particulier ? Permettent-ils de travailler certains thèmes plus spécifiquement ?

L’idée de ce mémoire était de chercher à déterminer quels axes majeurs peuvent être abordés avec cette espèce animale. Pour ce faire, je me suis appuyée sur des données éthologiques du rongeur (je remercie d’ailleurs Aurore Chartier et Elodie Dubois toutes deux éthologues, pour leur aide précieuse, et sans qui je n’aurai pu établir ce relevé), mais aussi sur l’analyse qualitative de plus de cent séances de médiation animale à destination d’adultes vieillissants ou en situation de handicap accueillis en institutions.  J’ai croisé ces résultats avec le témoignage des professionnels co-acteurs.

De ce dépouillement de données, cinq axes de travail sont ressortis comme récurrents et particulièrement intéressants à travailler avec les bénéficiaires :

1/ le rapport à l’alimentation, qui peut s’expliquer par le fait qu’il s’agisse de l’activité la plus représentée chez cette espèce puisqu’il passe plus de 40% de leur temps à se nourrir et que le nourrisage constitue l’activité la plus réalisée en séance.

2/le lien social, du fait du caractère grégaire de l’animal et de mes interventions toujours avec des duos de cochons d’Inde. Les rapports sociaux, familiaux… se trouvent souvent sur le devant de la scène.

3/la sensorialité, de par leur texture de poils différente mais aussi par leur expression vocale très marquée et que l’on retrouve peu chez les autres espèces animales.

4/ le besoin de protection/la gestion des peurs : en lien avec la néoténie de l’animal et son besoin de disposer d’abri de protection.

5/la contenance et le vécu de l’enfermement/contention : le fait d’emmener les animaux en cage de transport s’est également révélé être porteur de sens pour des personnes vivant la contention ou l’enfermement en unité protégée.

L’étude que j’ai menée n’avait pas vertu à produire un savoir généralisable à l’ensemble des programmes associant le cochon d’Inde mais permettait plutôt une analyse de ma propre pratique en association, dans une volonté de transmission. Ils émergent comme des thèmes privilégiés et mettant particulièrement au travail les bénéficiaires que j’ai accompagné avec Choco, Safran, Cookie, Flocon et Domino. Comme je l’explique dans ce mémoire, ces résultats sont valables dans un cadre donné, compte tenu de mon identité, des binômes cochons d’Inde que je fais intervenir etc… Sans doute verrions nous l’émergence d’autres thématiques fortes si nous menions la même étude pour une intervenante en médiation animale qui est animatrice ou éducatrice de formation, qui possède des cochons d’Inde femelles etc… D’ailleurs, j’invite tout intervenant en médiation animale pratiquant avec des cochons d’Inde à mener le même genre d’étude, il serait fort intéressant de croiser nos regards et nos résultats pour essayer de voir s’il est possible de dégager des thématiques plus généralisables.

Orlane, Intervenante pour Coeur d’Artichien

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