Médiation animale et la représentation chez l’animal

dimanche, 10 juin 2012, 19:15 | Catégorie : Médiation par l'animal

ethologie animale psychologie humaineBonjour chers internautes,

Voici un article qui fait suite à une rencontre lors d’une conférence de Marylise Pompignac dans un club canin de Loire-Atlantique. Marylise est spécialisée dans les processus d’attachement, praticienne et formatrice. Elle étudie le développement psychique et l’acquisition des compétences du nourrisson ainsi que les comportements parentaux des mammifères, et plus spécifiquement, des Orangs-outans au Zoo de la Boissière du Doré en Loire-Atlantique. Maryslise Pompignac est une personne intéressante pour réfléchir sur la relation Homme-Animal et la médiation animale car elle a des connaissance sur la psychologie humaine et l’éthologie animale. Je vous laisse découvrir son écrit sur la représentation animale. Sujet passionnant à mes yeux, j’espère que vous le partagerez… Bonne semaine. Aurélie Vinceneux

La représentation chez l’animal

La psychologie ordinaire attribue aux animaux des états mentaux, des émotions, des intentions similaires à ceux de l’homme, en opposition avec Descartes et son mouvement de pensées. Chacun, dans son quotidien, peut attester cet avis par l’expérience vécue avec son animal de compagnie, et les anecdotes qui en découlent. Cependant, cette pensée, ne peut être validée que par des expériences confrontées à des études scientifiques.

Dès le XIXème siècle, des chercheurs se sont consacrés à cette tâche. Ainsi, Thorndike (1898) a étudié le comportement de l’animal mais, de façon restrictive, c’est-à-dire uniquement dans le cadre du laboratoire. Watson (1919), quant à lui, s’est employé aux observations. Puis Skinner (1938) développa l’étude du comportement de l’animal en fonction des stimulations environnementales. Ce qui déboucha sur l’école behavioriste. Et Tolman (1932) enrichit ces études en précisant qu’il existait des variables intermédiaires intervenant entre les entrées sensorielles et les sorties motrices.

Avant toute chose, il est donc, nécessaire de différencier :

  • Les représentations que se fait l’animal de son environnement, (enaction)

  • Des réponses ou réactions induites par cette représentation.

Qu’est-ce que la représentation ?

orang_outang_marylise pompignacPour reprendre la définition de Jacques VAUCLAIR, « La représentation peut se décrire comme isomorphisme fonctionnel entre un (ou plusieurs) aspect de l’environnement et des processus comportementaux et nerveux qui permettent d’adapter le comportement de l’animal à cet (ou ces) aspect de l’environnement ».

Selon Köhler, scientifique allemand du début du XXème siècle, l’isomorphisme fonctionnel porte sur des modes de fonctionnement, des processus construits et analysés mathématiquement, que l’on met en rapport avec des modalités de l’expérience. Ainsi, pour être plus précis, cela renvoie au concept de traitement de l’information dépendante de l’expérience, ce que Köhler nommait l’insight.

De ce fait, traiter l’information sensorielle ou perceptive suppose de se faire du stimulus (de l’environnement) une représentation mentale encourageant un calcul ou des procédures combinatoires. La représentation mentale ne consiste pas en un étiquetage du « réel » environnant, mais en un outil d’interprétation. De façon schématique, la représentation mentale peut être assimilée à un « étalon » permettant la mesure d’autres objets.

Selon la conception behavioriste, c’est-à-dire couple stimulus-réponse ou action – réaction, la perception de l’environnement, liée à l’effet de l’expérience, encouragerait une généralisation mentale. Alors, si en l’absence du stimulus, l’organisme est capable, malgré tout, de produire une réponse adaptée à la situation, cela signifie que le sujet se fait une représentation d’une ou plusieurs propriétés d’une expérience antérieure, celle-ci servant, alors, d’indice pour choisir la réponse appropriée. Cette théorie est largement prouvée par les techniques d’apprentissage.

Les phénomènes de conscience chez les animaux :

Griffin (1976, 1978) a cherché à identifier les phénomènes de conscience chez les animaux à travers l’analyse de leurs comportements naturels spontanés. Cependant, une confusion peut se produire entre l’expérience mentale et la représentation mentale.

Ainsi, l’analyse des phénomènes de conscience chez les animaux peut être fortement entachés par des interprétations anthropomorphiques en matière de représentation de soi.

De la sorte, Gallup (1970) a mené des expériences de reconnaissance de soi dans un miroir chez des chimpanzés. Mais est-il possible d’associer la reconnaissance de son image corporelle à la conscience de soi, c’est-à-dire la capacité à se représenter soi-même comme autre pour un autre ? Des études similaires furent menées avec des dauphins qui, en effet, se reconnaissaient dans un miroir et étaient capable d’aller effacer une tâche déposée sur leur nageoire dorsale, en se frottant sur le sable, jusqu’à ce que celle-ci ait disparue dans le reflet.

Néanmoins, la conscience de soi peut s’étudier conjointement à l’analyse des phénomènes anticipatoires et d’intentionnalité prêtés à l’autre. Les animaux prêtent des intentions aux autres et cela est largement démontré par de nombreuses expériences. Von Frisch (1967) a constaté que même les insectes prêtaient des intentions aux autres. Il étudia un essaim d’abeilles dont l’expérimentateur déplaçait à chaque essai la source de nourriture. Il plaçait la nourriture de plus en plus loin. Très rapidement, les abeilles, ayant « compris » le procédé, anticipaient ces déplacements et se rendaient d’emblée à l’endroit présumé où la nourriture devait se trouver.

Enfin, lorsqu’un animal se sent en danger, ne prête-t-il pas des intentions à l’autre ? La proie ne se pense-t-elle pas « objet de désir » … alimentaire face à un prédateur ? Est-ce que cela ne souligne pas la conscience de soi de l’animal ?

La conscience comme représentation du monde et des réactions dépendantes du contexte.

La conscience peut se définir comme la connaissance qu’a un sujet de ses actes, ses pensées et ses sentiments.

Il existe :

  • 1) la conscience immédiate qui renvoie à la présence que le sujet a de lui-même au moment où il agit : il se représente à lui-même dans l’agir, le sentir ou le penser.
  • 2) La conscience réfléchie ou seconde qui correspond à la capacité de faire retour sur ses actes pour les analyser.

Dans tous les cas, la conscience, la capacité de faire retour sur soi, est toujours conscience de soi. De ce fait, le sujet est capable de penser le monde qui l’entoure, il se représente son environnement. Husserl, philosophe français du début du XXème siècle, soutenait que « la conscience est toujours conscience de quelque chose ».

Descartes affirme dans les Méditations Philosophiques que « l’âme est un rapport à soi« , « cogito ergo sum », cela signifie que la conscience se pense comme objet, c’est la représentation de sa propre existence, corrélée à la pensée de la mort. La conscience est alors bien, conscience de soi, ou réflexive. En outre, Descartes exprime « par le mot de penser, […] tout ce qui se fait (en nous) de telle sorte que nous l’apercevons immédiatement par nous-même » (Principes de la philosophie).

Egalement, « Se connaître » signifie nécessairement « se connaître dans ses rapports au monde ». De plus, en médecine, il est considéré que la conscience de soi est une des fonctions vitales de tout sujet, qui permet de réagir aux situations, de bouger et de s’exprimer spontanément. Enfin, l’état de conscience est déterminé par l’état neurologique de l’individu.

Ainsi, Il est donc possible d’affirmer que ce qui est nommé « instinct de survie » correspond à la conscience de soi du sujet. Alors, les animaux possèdent donc, une conscience de soi.

Marylise POMPIGNAC POISSON, Psychothérapeute Psychanalyste, Formatrice en psychologie

Plus d’informations sur : http://psychologie.voila.net/index.html

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