Il était une fois Mme A…une rencontre dans ma pratique de la médiation animale

vendredi, 20 février 2015, 6:52 | Catégorie : Association Coeur d'Artichien, Gérontologie, Médiation par l'animal

le deuil dans la pratique de la médiation animaleBonjour à tous, 

Il y a des articles sur ce site internet que l’on aimerait ne pas avoir à écrire, et qui pourtant sont importants de partager avec nos lecteurs intéressés par la médiation animale.

Aujourd’hui je viens vous parler d’une dame, Mme A. Il y a des personnes qui nous touchent plus que les autres, il y a des bénéficiaires qu’il est plus difficile de voir partir car la relation est un peu au delà de la relation professionnelle habituelle. Mme A a fait partie de ces personnes pour moi. Elle a marqué ma pratique, la rencontre fut très belle et je souhaitais la partager avec vous car au niveau « médiation animale » son évolution a été spectaculaire.

J’ai travaillé avec cette personne pendant presque 5 ans. Je vais dans cet EHPAD tous les 15 jours, nous avons commencé en faisant des petites groupes de personnes, puis après un réaménagement de l’EHPAD où il n’y avait plus de salle adapté à l’activité, nous avons fait le choix avec l’équipe de proposer aux résidents des séances individuelles en chambre.

Lors des premières séances Mme A hurlait rien qu’en voyant le chien par ce qu’elle n’avait tout simplement pas envie d’être là !! Quelle ne fut pas sa surprise quand je lui ai expliqué qu’elle n’était pas obligé de l’accepter ou même de toucher le chien, être simplement présente à regarder était suffisant pour moi. Au fil des mois Mme A c’est détendue, elle était de plus en plus présente dans les séances. Elle a accépté un jour de faire un parcours de motricité et donc de toucher la laisse de Betty, puis de toucher Betty, puis de lui donner à manger un petit biscuit en fin de séance dans une cuillère en bois, puis directement dans la main. C’était très plaisant de la voir évoluer, et l’équipe était surprise de la voir avec le visage ouvert et le sourire. Une relation particulière c’était déjà construite entre nous, j’acceptais cette personne comme elle était avec son franc parlé, sa singularité, ses défauts et ses qualités. Pour être tout à fait honnête avec vous, c’est une dame avec qui j’ai adoré travailler ! Son authenticité m’a touché dès le début de notre travail en commun.

Puis et venu le temps des séances individuelles en chambre, des confidences, du recit de ses bouts de vie et de son ressenti dans cette maison de retraite. La contrainte, la frustration de ne plus être autonome, de vivre la dépendance. Il était impensable que Betty la touche, mais sa présence suffisait à créer une dynamique, une relation de confiance mutuelle. L’association a continué à se développer, et est arrivé le petit Gandhi. Dans cet établissement ils l’ont connus tout petit, à 3 mois il passé furtivement pour dire bonjour et s’habituer aux différents publics avec qui il travaillerait quand il serait grand. Ce petit chiot a attendri Mme A. La relation était différente qu’avec Betty. Elle l’a vu grandir, il était d’abord par terre, puis sur mes genoux, puis sur la tablette de son déambulateur et un jour…………

Un jour Gandhi a pris une initiative, que jamais je n’aurais osé lui demander par respect pour la distance que demandait cette dame avec mes animaux. Il lui a sauté sur les genoux, spontanément, sans me demander mon avis, ni celui de Mme A. Elle était sidérée (et moi aussi !!), elle a crié tellement fort qu’on la entendu à l’autre bout du couloir. J’ai du faire descendre Gandhi, calmer Mme A outrée que Gandhi se soit autorisé à entrer en contact avec elle de cette manière !! Puis en fin de séance nous avions pu rire de ce qui venait de se passer « mais quelle blague vient de vous faire Gandhi !?! ».

Cet événement fut un déclencheur. A partir de ce jour, Gandhi prenait l’initiative sans demander l’avis de personne de sauter sur les genoux de cette dame. Toujours surprise, je le grondé gentiment, mais rien n’y a fait, il avait décidé que sa place était sur les genoux de Mme A. Elle s’est résignée et moi aussi. Un jour je lui ai proposé d’anticiper le saut de Gandhi en mettant une couverture sur sa robe, ce qu’elle a accépté. De fil en aiguilles il a fini par s’installer et un jour s’endormir sur les genoux de Mme A. J’avais du mal à comprendre, et Mme A aussi. J’ai demandé à Mme A pourquoi selon elle Gandhi s’endormait sur ses genoux et elle m’a répondu :

« Au moins mes tremblements servent à quelqu’un, ils bercent Gandhi »

De ce jour, le grand jeu était d’endormir Gandhi, Mme A était devenu actrice de ses soins, elle avait quelque chose à apporter à mon chien que personne d’autre de « normal » pouvez lui apporter !

Cette relation a pu s’instaurer car Gandhi a su au bon moment bousculer gentiment Mme A dans son train train habituel.

Mme A est décédée il y a peu de temps, ce départ m’a touché,  et je souhaitais lui rendre hommage aujourd’hui par ce témoignage ! Ce texte me permet de faire que cette dame, sa singularité et son enseignement servent à chacun de vous, futurs ou praticiens de la médiation animale.

Au plaisir d’échanger.

Aurélie Vinceneux, Intervenante en médiation animale

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Un commentaire pour “Il était une fois Mme A…une rencontre dans ma pratique de la médiation animale”

  1. 1laurence

    Bonjour,

    Très joli témoignage qui montre à quel point la médiation animale est importante.

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