Médiation Animale en prison avec l’association AMADEIS

Aujourd’hui, Cœur d’Artichien vous présente un article sur l’un des plus beaux projets réalisés en cette année 2010-2011. C’est une expérience Humaine et Animale qui fait écho au Master 1 de Psychologie Criminologie et Victimologie d’Aurélie Vinceneux, la fondatrice de Cœur d’Artichien. Nous espérons que prochainement nous pourrons réaliser dans la région Pays de la Loire, le même type d’intervention en médiation animale dans le domaine du pénitentiaire. Nous avons à ce sujet plusieurs pistes, que nous allons sérieusement explorer. Bonne lecture !

Des animaux aux quartiers mineurs de Fleury-Mérogis

par l’association AMADEIS

coeur d'artichien penitentiaireComme pour beaucoup de projet, tout commence par une rencontre ! La rencontre va avoir lieu durant le Diplôme Universitaire sur les adolescents difficiles : approches psychopathologiques et éducative de l’université Pierre et Maire Curie à Paris. Lors d’un atelier, Laetitia Médard présente Amadeïs, Association de Médiation Animale pour le Développement, l’Eveil et l’Interaction Sociale dont elle est présidente. Amadeïs intervient auprès des adolescents délinquants du Centre Éducatif Fermé de l’Orne. La directrice PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse), responsable de la Mesure Éducative en Maison d’Arrêt* (MEMA) écoute l’exposé. De cette matinée, aboutit un projet : mettre en place des ateliers de médiation animale pendant les vacances de printemps 2011, pour les quartiers mineurs filles et garçons à la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis.

L’intérêt de la médiation animale en milieu pénitentiaire

La médiation animale en milieu pénitentiaire a les mêmes intérêts que lorsque l’on travaille avec d’autres publics comme les personnes handicapées ou les personnes âgées. L’animal médiateur permet de travailler sur différents objectifs en fonction des besoins de la personne mais également ce qu’elle souhaite puiser puis réutiliser dans sa relation avec l’animal. Voici quelques éléments qui peuvent être intéressants pour travailler – entre autre – avec les détenus : l’apaisement (par le toucher, la parole), le lien affectif, la valorisation de soi, la restauration de l’estime de soi, l’écoute et le respect des consignes, l’échange, le partage, la cohésion de groupe… Pour travailler ces domaines, l’animal est un formidable média qui s’adapte à chaque personne.

Définition du projet : la Médiation Animale à Fleury-Mérogis avec l’association AMADEIS

Ce projet étant une première expérience, il y a eu des interrogations et des points pratiques à définir. Le but était de démontrer l’intérêt de cette activité et d’y faire adhérer les équipes encadrantes ainsi que les détenus.

Nous avons choisi d’organiser 3 séances pour les filles et 3 séances pour les garçons avec deux thématiques différentes. Chaque séance durera 40 minutes.

A la Maison d’Arrêt des Femmes, les filles auront des séances autour des cochons d’Inde, lapins nains, chinchilla, octodons et un chien. Les ateliers s’articuleront autour du soin, du nourrissage, du brossage et de l’éducation canine.

Au Centre des Jeunes Détenus, les garçons auront des séances autour des chiens : Duke, Eclyspe, Finger les Teckels à Poil Dur et Fulki, la Dogue du Tibet. Les séances commenceront par une présentation des chiens, puis des exercices d’éducation canine simples à mettre en pratique sur un parcours de motricité.

Durant cette semaine d’intervention, nous serons accompagnées par une éducatrice de la MEMA* de Fleury- Mérogis.

Avril 2011 : Nous y sommes ! Nous débutons l’activité de médiation animale au sein des établissements de Fleury-Mérogis. Nous faisons connaissance avec les professionnels du milieu carcéral dans un premier temps, puis avec les détenus.

A la Maison des Femmes

Le premier impact des animaux a été sur les professionnels : la surprise suivi par les sourires, puis les questions sur ces animaux. « oh c’est quoi ? Un lapin ! Ça fait vingt ans que je travaille ici, je n’avais encore jamais vu d’animaux rentrer » s’étonne une professionnelle.

Le premier contact avec les 5 filles du groupe a eu lieu durant le temps d’installation. Laetitia installe le tapis vert sur la table, puis la cage des octodons au centre. Les jeunes s’interrogent : « pourquoi sont-ils en cage ? Qu’ont-il fait de mal ? ». Des réponses sont apportées et le dialogue s’enclenche naturellement.

L’arrivée de nos cochons d’Inde et de Freesby notre lapin sur la table, a suscité différentes réactions – étonnement, retrait, observation, sourire, curiosité – sur lesquelles nous avons rebondies pour démarrer la séance. Nous proposons aux jeunes filles de nourrir les animaux présents sur la table à l’aide de différents légumes. Cela nous a permis de parler de l’alimentation des animaux et des humains. L’approche d’un cochon d’Inde mâle vers une femelle a été l’occasion d’abord la sexualité, la femelle cochon d’Inde ayant refusé le mâle, nous avons pu aborder la notion de viol et la possibilité de dire « non ». Au fur et à mesure de la séance, les jeunes filles se sont rapprochées physiquement de nos animaux, certaines ont fait l’expérience du corps à corps avec le lapin ou Fulki notre chien, ce qui a semblé avoir du sens pour elles.

Ces deux animaux ont en commun leur aspect « peluche » de par leur fourrure et leur apparence physique propice au contact affectif et sensoriel.

En conclusion, chacune des jeunes filles a bien participé à la séance, elles ont chacune enrichi la séance avec leur subjectivité propre. Elles ont su investir l’activité proposée et elles ont pu déjà exprimer leur hâte d’être à la prochaine séance. Les deux séances suivantes se sont déroulées de façon similaire après un lien déjà présent et une appréhension en diminution, toujours dans le respect de l’animal et de l’autre.

Les professionnels comme les bénéficiaires, ont été agréablement surpris par cette nouvelle expérience. Ils ont découvert ensemble, l’impact que pouvait avoir la présence des animaux au sein du milieu pénitentiaire et les espaces de travail relationnel que cela pouvait susciter.

Nous vous présenterons la semaine prochaine, l’expérience de médiation animale réalisée par AMADEIS, avec les jeunes détenus garçons. C’est une autre ambiance, une autre manière de travailler avec des animaux différents (cette fois-ci des chiens), qui amène à échanger sur d’autres domaines tout aussi enrichissant pour les jeunes et les professionnels.

La suite au prochain épisode ! Bon weekend !

Laetitia Médard, AMADEIS (Normandie) – www.amadeis.org

Aurélie Vinceneux, Cœur d’Artichien (Loire Atlantique) – http://www.coeurdartichien.fr/

Share Button

Aucun commentaire pour “Médiation Animale en prison avec l’association AMADEIS”

  1. 1zanimour

    Bonjour,

    Je trouve ça très intéressant de travailler avec ce public, quel âge ont les jeunes détenus quel en a été leur mot de la fin ont ils tous apprécier et comment le personnel à perçu votre intervention êtes vous prêt à recommencer ?
    C’est vraiment bien ce que vous faite et bravo d’avoir réussit à mener à terme votre projet !!! Pensez vous travailler dans d’autres maisons d’arrêt? Bonne continuation les filles !!!!

  2. 2admin

    Bonjour Amandine,

    Voici la réponse apportée à ton commentaire :

    ils ont entre 16 et 18 ans pour les garçons, et entre 15 et 18 pour les filles.
    ils ont tous dit qu’ils avaient apprécié les séances. Les filles ont été plus demonstratrices dans leurs remerciements que les garcons.
    Nous avons été très bien accueilli par le personnel pénitentiaire et l’équipe PJJ. A ce jour aucune remarque negative ne nous a été transmise. Certains surveillants et gradés sont revenus voir les seances. L’activité devrait être reconduite sur de prochaines vacances scolaires et bien sur que nous sommes partantes pour y retourner :-))
    Pour les autres maison d’arrêt, l’avenir le dira.
    Bonne continuation à toi aussi !

WP Facebook Auto Publish Powered By : XYZScripts.com