Zoonose inversée et nos animaux en médiation animale

Bonjour à tous,

Quand on pratique la médiation animale, il est indispensable de se pencher sur la question de l’hygiène, d’avoir des connaissances sur les maladies transmissibles à l’homme et vice versa. On vous a déjà parlé de zoonoses dans un article de Février 2011 Mediation animale : Zoonoses et prévention, mais avez-vous déjà entendu parler de zooanthroponose ? Voici quelques éclaircissements.

Pour l’OMS, une zoonose (du grec zôon(το ζωον), « animal » et nosos, « maladie ») est une infection ou infestation naturellement transmissible de l’animal à l’homme et vice versa (par exemple la grippe aviaire ou encore la vache folle, responsable chez l’humain de la Maladie de Creutzfeldt-Jakob).

Les zoonoses sont causées par divers agents biologiques vivants (bactéries, champignons, parasites) ou non-vivants (virus, prions…) Elles font partie du risque animal global. Toute personne peut les développer, souvent même sans contact avec les animaux. Leur histoire reflète, depuis la Préhistoire, les relations Homme-Animal.

Une zooanthroponose (du grec zôon = animal, anthropos = homme, et nosos = maladie) est une maladie ou infection qui se transmet naturellement de l’homme aux animaux vertébrés.

La question des zoanthroponoses pose la question sous-jacente suivante : comment protéger nos animaux médiateurs des infections et virus qu’ils croisent au cours de leur travail dans les institutions du médico-social ?

Peuvent-ils attraper la grippe ? La gastro-entérite ? En tant qu’intervenant en médiation animale quelles conditions pouvons-nous mettre en place pour limiter les risques de transmissions des maladies ? Commencer à s’informer sur les connaissances scientifiques à ce sujet est un début…

Après plusieurs recherches sur le web sur cette question, j’ai trouvé de nombreuses réponses au sujet des maladies transmissibles de l’animal à l’homme mais je n’ai trouvé que peu d’informations sur les zooanthroponoses. (Ndlr :Si des vétérinaires passent par là, et on des pistes à nous transmettre à ce sujet, vous pouvez nous contacter via la page contact de ce site internet).

En attendant d’avoir plus d’informations, j’ai trouvé intéressant cet article sur le site de Santévet qui pose la question suivante.

Zoonose inversée : l’Homme peut-il transmettre la grippe à son chien, chat ou furet ?

S’il est certain que certaines souches de la grippe, au travers de souches comme celle du H1N1 par exemple, se rencontrent au sein des populations animales et peuvent contaminer l’Homme, il reste des incertitudes quant à une contamination inverse. C’est-à-dire de l’Homme vers l’animal, du maître vers son chien ou son chat.

Un cas de grippe chez le chat

Un chat contaminé par la grippe H1N1 en France Mais les choses et en l’occurrence les virus évoluent… Lors du dernier épisode de grippe H1N1, un chat a bien été contaminé par la grippe A H1N1 en France, dans les Bouches-du-Rhône en 2009. Cela a été validé par des analyses microbiologiques. Les maîtres étaient, d’après les premiers éléments, eux-mêmes grippés. 
Une mutation du virus sur l’espèce animale serait en cause puisque jusqu’alors il était admis que le chat (comme le chien) ne pouvait contracter le H1N1.

Pour ce qui est par ailleurs de la grippe A, il semble que celle-ci ne se transmet ni aux chiens ni aux chats.

Des propriétaires de chats ou de chiens atteints de la grippe A ne pourraient donc pas selon toute vraisemblance la transmettre à leurs animaux. Mais les risques de mutation ne sont pas totalement exclus. En fait, on est sûr de rien…

Ce qui explique la réflexion de chercheurs vétérinaires de l’OSU College of Veterinary Medicine dans l’Oregon (État de la région Nord-Ouest Pacifique des Etats-Unis) et publié dans un article mis en ligne sur le site santelog.com.

Ces chercheurs ainsi que d’autres de l’Iowa State University travaillent pour identifier un plus grand nombre de cas de ce type de transmission et pour mieux comprendre les risques pour les personnes et les animaux domestiques : « Nous nous inquiétons beaucoup des zoonoses », explique Christiane Loehr, professeur à l’OSU dans cet article. « Mais nous ne réalisons pas que les humains peuvent également transmettre des maladies aux animaux, ce qui soulève des préoccupations sur le risque de mutations, de nouvelles formes virales et de maladies zoonotiques. Au-delà, il y a aussi la santé des animaux »

Il apparaît désormais que le cas du chat atteint de la grippe A H1N1 en France, dans les Bouches-du-Rhône, n’est pas isolé. « Le premier cas documenté – mais qualifié ici de « probable » -, est un cas mortel de transmission humaine à un chat du virus de la grippe pandémique H1N1 dans l’Oregon en 2009, selon le chercheur Christiane Loehr », peut-on encore lire dans l’article de santelog.com

Des données ont été publiées dans la revue scientifique Veterinary Pathology. « Le propriétaire du chat atteint avait dû être hospitalisé et alors qu’encore à l’hôpital, son chat, sans exposition à d’autres personnes malades, était décédé d’une pneumonie causée par une infection au virus H1N1. Au total, les chercheurs auraient identifié un total de 13 chats et 1 chien atteints d’infection à H1N1 en 2011 et 2012  transmise par l’homme. »

Des cas de grippe chez le furet

Les furets ne semblent pas non plus épargnés par cette possibilité de transmission. Des cas ont également été documentés. La grippe peut toucher le furet, qui y est sensible. L’humain peut la lui transmettre et inversement.
 Une bonne hygiène et quelques précautions seront à prendre en cas de grippe au sein du foyer.


Chez le furet, un traitement antibiotique pourra être mis en place par le vétérinaire, même si parfois les symptômes peuvent passer en une semaine environ. 

En conclusion

Les auteurs de cette étude, font l’hypothèse qu’il y aurait en fait, beaucoup plus de cas que ceux documentés. «Nous ignorons encore les conséquences mais nous pensons qu’elles méritent plus d’attention », conclut l’article.

Nous, les intervenants en médiation animale et les futurs professionnels sur le terrain, devons nous poser ces questions, pour continuer à travailler avec nos partenaires poilus dans de bonnes conditions, en limitant les risques de zoonoses ou zoonoses inversées pour les bénéficiaires, mais aussi pour nos animaux médiateurs.

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5 Commentaires pour “Zoonose inversée et nos animaux en médiation animale”

  1. 1Véronique

    Le sujet est vaste et complexe. En fait, il n’y a pas d’un coté les maladies transmissibles de l’animal à l’homme et de l’autre les maladies transmissibles de l’homme à l’animal. Un lien intéressant à consulter à ce sujet : http://www.univ-rouen.fr/servlet/com.univ.utils.LectureFichierJoint?CODE=1236786043024&LANGUE=0
    Voici entre autres des définitions que vous retrouverez dans le document et qui expliquent les différentes possibilités :
    « LES ZOONOSES SONT DES MALADIES ET INFECTIONS
    QUI SE TRANSMETTENT NATURELLEMENT DES
    ANIMAUX VERTÉBRÉS À L’HOMME ET VICE-VERSA. »
    « La zoonose est dite « bornée » lorsque l’Homme
    contaminé ne transmet pas la maladie ; il constitue une
    impasse, un «cul-de-sac épidémiologique » :
    brucellose, échinococcose, rage.
    La zoonose est dite «extensive » lorsque la
    transmission se poursuit à travers l’Homme contaminé,
    selon deux schémas :
    ?? soit vers l’animal, en mode « rétrograde » ou
    « reverse » : exemple : tuberculose à Myc. bovis,
    cowpox; l’Homme contaminé est capable de rendre
    son infection à l’animal ;
    ?? soit vers l’Homme, en mode « interhumain » ;
    exemple : peste, psittacose : l’Homme contaminé
    peut être le point de départ d’une endémie, voire
    d’une épidémie. »

  2. 2Véronique

    Dans la pratique, il me semble qu’il faut être vigilant à la tuberculose, en particuliers pour les carnivores domestiques qui peuvent être contaminés s’ils sont en contact avec des humains infectés (les populations les plus à risque : les populations défavorisées,Malades du VIH, personnes âgées.

    Un autre point pour les animaux qui vont dans les hôpitaux est le portage de bactéries multirésistantes aux antibiotiques.L’animal peut être « contaminé » par contact avec une personne hospitalisée porteuse du germe. L’animal ne sera pas réellement mis en danger (car les germes sont très souvent spécifiques d’une espèce) mais ils seront alors porteurs et possiblement vecteurs pour d’autres humains. http://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/567-InfectionsEtAnimauxDeCompagnie%28CINQ%29.pdf

  3. 3coupry

    Bonjour, je ne suis pas spécialiste mais plusieurs fois, je me suis posé la question d’une transmission de maladie digestive entre l’homme et l’animal. mais est ce une transmission ou un cause commune: eau, nourriture,…?
    par contre, il existe une maladie grave transmise de l’homme à l’animal et qui conduit obligatoirement à la mort de l’animal: la tuberculose. La très grande majorité des cas de tuberculoses des carnivores domestiques, très rares heureusement, était liée à des contaminations par l’homme, parfois ignorant de sa maladie et très rarement l’inverse. La loi française impose l’euthanasie des animaux tuberculeux.

    Dr COUPRY, vétérinaire.

  4. 4Coeur d'Artichien

    Merci Dr Coupry pour ces compléments d’informations.
    Bien cordialement,
    Aurélie

  5. 5Coeur d'Artichien

    Merci Véronique, et au plaisir d’échanger !
    Bises
    Aurélie

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