Le deuil d’un animal médiateur : Safran un cochon d’inde pas comme les autres

Safran un cochon d’inde pas comme les autres…

Chers lecteurs,

J’aurai préféré reprendre la parole sur le site dans d’autres conditions, plus joyeuses sans doute, mais la médiation animale tout comme la vie n’est pas faite que de bonnes nouvelles ou de beaux moments. Certains sont beaux, d’autres plus tristes…

En effet, comme certains l’ont appris en nous suivant sur Facebook sur le groupe Coeur d’Artichien, Safran, un des petits cochons d’inde de l’association, un de mes fidèles partenaires à quatre pattes nous a quitté brutalement en ce début d’année 2015.

Ce fût un moment difficile pour moi, empli de tristesse et d’incompréhension. Après avoir pris les mesures nécessaires pour s’assurer de la bonne santé de son acolyte Choco, et lui dire au revoir correctement les jours suivants ont été marqués par mon travail de deuil mais aussi l’accompagnement de Choco dans sa peine. Nous avons suspendu toutes les séances dans lesquelles il intervenait, puis Choco et moi nous nous sommes retrouvés, je l’ai chouchouté, entouré lui qui n’avait connu que la vie avec Safran depuis son arrivée à la maison en avril 2013. Oui perdre un animal, un compagnon de vie est toujours déchirant mais perdre un partenaire de travail constitue un travail complémentaire à réaliser. Aurélie Vinceneux parle de ce « double deuil à gérer pour l’intervenant en médiation animale » dans le livre d’Aurore Chartier Chien médiateur ou de thérapie Le choisir et l’accompagner tout au long de sa vie . J’ai d’ailleurs ressenti le besoin de relire son chapitre sur le deuil dans cet ouvrage pour m’aider à traverser et dépasser le décès et la perte de mon partenaire depuis mes débuts en médiation animale.

Ce mois sans lui a vu défiler, se juxtaposer, s’enchevêtrer les différentes étapes du travail de deuil : je suis passée par le choc, la colère, le marchandage, la tristesse. Mais quoi de mieux aujourd’hui pour marquer l’acceptation de son départ que de lui rendre hommage à travers ce petit article qui lui est destiné. Cela me paraissait indispensable tout comme d’ailleurs le fait de parler de son décès en séance avec les bénéficiaires qui affectionnaient tant ce poilu si rigolo.

Et oui Safran ne laissait jamais indifférent : ce petit « chon » rex au poil si particulier au toucher (certains l’appelaient affectueusement « petit paillasson ») était d’une nature joyeuse. Bavard, il savait se faire entendre et comprendre ! Je n’ai souvenir d’aucune séance où il n’a pas exprimé vocalement ses émotions, son état. Il faut dire que la gourmandise était un moteur sans faille chez lui. Combien de fois l’ai-je retrouvé le « menton » tout rouge, d’où dégoulinait le jus des délicieux poivrons rouges tendus avec bienveillance par les bénéficiaires !

Téméraire, il partait toujours à l’aventure, à la découverte des bénéficiaires, les stimulait poussant de sa tête leurs mains pour chercher des caresses. Quel meneur avec Choco, après avoir été un point de repère pour lui, un « frère protecteur » comme certains l’appelaient, il lui a permis de prendre confiance. Une confiance qu’il a su transmettre également à beaucoup de bénéficiaires qui à son contact ont osé prendre la parole même si les mots venaient difficilement, ont osé prendre une place dans un groupe etc…

J’ai vraiment apprécié de travailler pendant presque deux ans avec cet acrobate qui aimait à s’adonner au saut dans la boite de transport quand l’heure de fin d’une séance approchait (video : https://www.youtube.com/watch?v=PBZ-q1l-yeo) et ce depuis nos débuts. Son caractère si spécial, en contraste avec celui de Choco (qui est réservé mais tout aussi attendrissant) m’a inspiré largement dans la construction de mes séances. Il m’a permis de travailler entre autre chose la subjectivité, la différence, l’appropriation et l’acceptation de sa singularité.

A ses côtés, j’ai construit ma pratique en médiation animale, je l’ai pensée, expérimentée, leur duo avec Choco m’y a aidé, contribuant à faire de moi l’intervenante que je suis. Alors merci à lui d’avoir été lui, d’avoir été là. Il me manque au quotidien, au travail, manque à Choco, manque aux bénéficiaires mais jusqu’au bout il nous aura tous mis au travail, nous permettant d’aborder en séance la question du deuil et de la perte d’un être cher. Maintenant, il ne me reste plus qu’à découvrir le cadeau surprise caché qu’il m’a fait (cf. référence bibliographique ci dessus) : peut être est-ce la rencontre avec le nouveau compagnon que j’ai adopté récemment afin de retrouver au plus vite pour Choco qui se sentait bien seul, un partenaire de vie et de travail ?

Mais j’aurai l’occasion de vous présenter ce petit Cookie très bientôt.

Orlane Moratinos

Intervenante en médiation animale pour Coeur d’Artichien

Share Button

Les commentaires sont fermés.

WP Facebook Auto Publish Powered By : XYZScripts.com