Psychologie : symbolisation dans la pratique de la médiation animale #2

mardi, 30 mars 2010, 10:57 | Catégorie : La relation Enfant-Animal, Médiation par l'animal

Voici la suite de : Psychologie : la symbolisation #1

Et l’animal dans tout ça ?

coeur d'artichien mediation animale 44 NantesL’animal dans la médiation animale, prend une place symbolique entre le thérapeute et le patient, dans une dynamique triangulaire. Cela me fait penser à un cas évoqué par Pamela Daniel de l’association Adpsy 1, qui me parlait d’une petite fille qui avait réagi fortement, le jour où un chat s’était assis à sa place lors d’un atelier de création.

En voici le récit : « Une fillette de 6 ans que je suivais et qui jouait souvent avec les chats de notre Centre (en ayant elle-même à la maison) eut soudainement un blocage le jour où un des chats lui prit sa place à la table de dessin. Elle resta figée ne sachant pas quoi faire ni comment la récupérer. Elle me donna ce jour là à voir sa problématique liée à la naissance de son petit frère, ses difficultés œdipiennes, sa problématique de place au sein de la famille… »

Que s’est il passé pour cette petite fille ? Pourquoi ce blocage soudain quand le chat est venu s’assoir à sa place ? Que signifie pour elle le mot « place », qu’est ce qu’il symbolise ?

Ce chat a réveillé quelque chose chez cette petite fille, quelque chose de l’impensable, qui avec cette rencontre a fait émerger quelque chose de latent. Qu’est-ce que ce chat a symbolisé à ce moment précis? Toutes ces questions renvoient à la question du sens. Quel sens a eu pour cette fillette, le fait que le chat soit à sa place ?

On ne dit pas dans cette extrait si le chat était un mal ou une femelle, cela aurait pu avoir son importance pour cette fillette. C’est une chose que j’utilise dans ma pratique. J’ai fait le choix de prendre deux bergers australiens : un mâle et une femelle pour pouvoir m’adapter en fonction de la problématique des personnes avec lesquels je suis amenée à travailler.

Je me souviens lors d’un stage dans une maison d’enfants (protection de l’enfance), d’une petite fille qui réagissait de façon très différente en fonction de l’interlocuteur à qui elle avait à faire. Elle était agressive avec les hommes, et hyper-attachante envers les femmes, les contrastes étaient très fort, cela posait un gros problème à l’équipe éducative dans leur travail.

Lors d’une sortie éducative, dans un zoo, l’important pour cette fillette, n’était pas de savoir si l’animal était gentil, méchant, une poule, ou une chèvre, elle voulait distinguer « les garçons » des « filles ». Cette sortie lui a permis ensuite à l’aide de la psychologue de l’institution de travailler sur la notion des différences des sexes, ce qui l’a amené à verbaliser des ressentis, des sentiments, de ce qu’elle avait vécu dans sa famille (abus sexuel).

Les animaux dans cette situation ont permis à cette fillette d’avoir un support, sur lequel déposer sa parole, et verbaliser quelque chose de son ressenti. La visite au zoo n’était pas inscrite dans un objectif de soin pour cette fillette, cependant il s’est quand même passé quelque chose.

Elle a projeté sur ces animaux l’importance de la question de la différence des sexes pour elle, en rapport avec sa problématique. La psychologue a pu reprendre cela avec elle.

J’ai souvent le sentiment, que ma chienne, est si on l’utilise bien, une sorte de « test projectif ». Les personnes avec qui je travaille, projettent sur Chayna, beaucoup d’émotions, et de ressentis. Le cas d’une personne âgée hébergée en maison de retraite, m’a dit un jour ceci : « Chayna aujourd’hui est triste, elle n’a pas envie de travailler, elle préférerait être toute seule dans sa chambre ». Une fois la séance finie, elle m’a alors fait part,du décès de son frère qui avait eu lieu la semaine d’avant. Cette personne a utilisé Chayna pour déposer une demande. Ma formation en psychologie m’a permis de l’entendre, de la prendre en compte, et d’élaborer un projet individuel bien défini sur cette personne en fonction de ses besoins et de sa demande singulière.

En conclusion, je dirais que l’effet médiateur de l’animal dans un travail dans la relation d’aide, ne peut se faire sans avoir conscience de ce que peut symboliser l’animal pour le patient et le soignant, et ce que chacun projette dessus.

D’où l’importance pour les personnes voulant travailler en médiation animale,  d’avoir une formation de base dans la relation d’aide  et d’une formation complémentaire sur la relation d’aide par la médiation animale !

1– « psychothérapies associant l’animal », Paméla Didier-Lecointe, 2010, à paraitre

en savoir plus: didier.pamela@gmail.com

Article écrit et réalisé par Aurélie Vinceneux – fondatrice de l’association Coeur d’Artichien

Ce document ne peut-être utilisé, reproduit, modifié ou communiqué sans l’autorisation d’Aurélie Vinceneux.

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