Mediation Animale et psychologie : Qu’est ce que la médiation ?

jeudi, 3 juin 2010, 11:49 | Catégorie : Médiation par l'animal

Qu’est-ce que la médiation ?

coeur d'artichien mediation animale 44 NantesLa notion de médiation ne va pas, pour moi, sans la notion de symbolique et de tiers.

Faire de la médiation qu’elle soit animale, artistique, musicale… intègre un tiers dans la relation duelle : Professionnel – Patient si on reste dans le cadre thérapeutique.

En médiation, on intègre une présence plus ou moins symbolique (peinture, musique, animal) pour modifier un système relationnel et permettre soit la rencontre avec l’autre, je pense aux personnes psychotiques pour qui le rapport à l’autre est compliqué, soit modifier le mode relationnel dans le rapport à l’autre.

La médiation apporte du tiers et c’est ce qui permet de faire bouger le système. En thérapie familiale ou systémique, l’intervenant en médiation animale va travailler sur le principe suivant : si on impacte sur un membre du système alors tout le système est modifié et peut bouger.

Pour commencer, il serait intéressant de réfléchir à la définition que l’on pourrait donner au mot médiation. Si on regarde dans le Larousse voilà ce que l’on trouve :

  • Sens 1 : entremise déstinée à amener un accord. Offrir sa médiation.

  • Sens 2 : Procédure de règlement de conflit qui consiste dans l’interposition d’une tierce personne (le médiateur) chargée de proposer une solution de conciliation aux parties en litige.

  • Sens 3 : Articulation entre deux êtres ou deux termes au sein d’un processus dialectique ou dans un raisonnement.

On voit bien que la notion de tiers apparaît ici aussi. Si on recentre la définition de médiation dans le domaine de la relation d’aide ou psychologique, je dirais que l’on injecte du tiers symbolique dans une situation parfois conflictuelle, dans tous les cas complexe pour le ou les protagonistes. Le patient répond au stimulus de ce tiers. Dans le cas de la médiation animale, le stimulus « chien » par exemple, induit des réponses, des comportements au patient qu’il n’y aurait pas eu sans la présence de l’animal. L’animal modifie le système de communication et permet parfois de l’ouvrir.

Si on se penche sur la théorie psychanalytique, la notion de tiers séparateur, est symbolisée par le père qui fait tiers entre la mère et l’enfant. Si ce tiers symbolique n’est pas présent et accepté de façon symbolique par la mère ou l’enfant, cela pose problème. En effet, si l’enfant reste en fusion avec la mère, il n’y a pas de place en tant que sujet à part entière. La mère est TOUT pour l’enfant et l’enfant est TOUT pour la mère. Le manque étant absent, le désir n’a pas de place ou peu. Pour permettre de faire évoluer cette situation fusionnelle, il est souvent intéressant de travailler sur les notions de tiers, et de la place symbolique du père dans la relation mère-enfant.

Si on pousse un peu ce raisonnement, ne pourrait-on pas dire, que le chien, intégré dans le cadre d’une relation d’aide par la médiation animale, symboliserait le tiers, et permettrait donc d’ouvrir le champs des possibles ?

L’animal décentralise le problème, permet pour le patient et pour l’intervenant de prendre de la distance par rapport à la situation à tous les sens du terme. La personne n’est plus focalisée sur elle-même, elle se concentre sur l’animal et parfois indirectement sur elle-même. La présence du tiers renvoie à des émotions, et permet par association d’idées de faire remonter des ressentis, sur lesquels, quand cela est possible, il est intéressant de poser des mots.

Cela me renvoie à un colloque auquel j’ai assisté à Genève en Juin dernier. Une intervenante comparait la relation qu’a l’enfant avec l’animal à l’objet transitionnel de Winnicott. Le « doudou » est ni la mère ni l’enfant, c’est un objet de transition, un objet intermédiaire qui sécurise l’enfant et permet la relation à l’autre.

Dans le cadre de la médiation animale, il ne sécurise pas que les enfants, il sécurise aussi les vieux enfants adultes et professionnels. La douceur du poil, la chaleur de l’animal, l’odeur, le corps à corps, renvoie à des moments de réconfort, de douceur, de détente, liés à l’enfance.

La médiation animale est une manière hors du commun d’amener la personne à parler d’elle même ; parfois dans les séances que j’anime, l’animal me fait penser à un « Rorschat géant ». On projette ce que l’on veut dessus, sans avoir de repère pour y déposer des représentations, la réponse à ce stimulus nous renvoie à nous-même, à nos propres limites selon notre histoire et notre vécu. L’intervenant en médiation animale, peut alors s’appuyer sur le discours du sujet pour entamer un dialogue, une rencontre et permettre parfois quand il y a une demande, d’amener le patient à prendre conscience de ses difficultés.

L’animal comme le chien, est un support, un outil parmi les outils que peut utiliser le psychologue ou l’intervenant en médiation animale. Il ne peut pas s’utiliser avec tout le monde. Comme tous les outils, il a ses particularités, ses limites. Mais c’est un outil riche et complexe, car c’est un être vivant à part entière, avec son caractère, ses humeurs, ses envies, ses bouderies…Il offre de nombreuses possibilités dans la médiation car il est en interaction avec le sujet contrairement à des tests, des grilles…. L’animal et le sujet échangent des réactions, des regards, des gestes, il a de l’affectif contrairement aux outils classiques utilisés en psychothérapie ou thérapie tout court.

C’est l’association de cet outil dans un cadre de relation d’aide ou d’accompagnement réalisé par un professionnel diplômé qui confère la dimension professionnelle, déontologique et éthique.

La médiation reste un moyen parmi d’autres de pouvoir travailler avec un patient dans la douceur. La relation à l’autre dans une position triangulaire est moins violente, certains mécanismes de défense peuvent être diminués et la parole se libérer dans certains cas. Cependant, chaque personne est différente et n’aura pas les mêmes besoins qu’une autre. Il peut aussi être rassurant d’être en position duelle pour des patients…à l’intervenant en médiation animale de travailler en fonction des symptômes, de la demande de chacun de ces patients. La médiation quelle qu’elle soit ne convient pas à tout le monde et heureusement. Si nous étions tous pareils, qu’est-ce qu’on s’ennuierait.

Article écrit et réalisé par Aurélie Vinceneux, Fondatrice de l’Association Coeur d’Artichien ©

Ce document ne peut-être utilisé, reproduit, modifié ou communiqué sans
l’autorisation d’Aurélie Vinceneux.
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