La contribution de l’éthologie au bien-être animal : Les animaux médiateurs sont aussi concernés.

L’éthologie est la science des mœurs. Et oui, l’observation des comportements est une science ! En éthologie, on a un protocole qui nous impose un relevé strict et précis des comportements, on compte, on chronomètre, on fait des statistiques et on manie beaucoup de chiffres.

Elle est utilisée dans de nombreux domaines: l’observation des animaux dans leur milieu naturel, l’observation d’animaux sauvages en captivité, l’observation d’animaux domestiques, l’observation des comportements humains…

A l’interface elle permet donc d’étudier les relations entre les humains et les animaux. Car actuellement, le champ de recherche sur le bien-être animal vise à améliorer les conditions de vie des animaux dans un environnement contrôlé par des humains.

Deux grandes méthodologies sont utilisées : l’expérimentation en milieu contrôlé par des chercheurs d’une part, et les observations éthologiques directement dans le lieu de vie des animaux d’autre part.

Dans tous les cas, il est nécessaire de connaître l’éthogramme de l’animal observé. Il s’agit de la liste et de la description de tous les comportements pouvant être exprimés par une espèce. Nous, les éthologues sommes un peu bizarres car nous définissons tout ce que nous voyons…. Un exemple ? Assis (pour un chien) = membres postérieurs fléchis, train arrière au sol, membres antérieurs tendus.

Nous analysons aussi les échanges de regards, les positions des différentes parties du corps, …

Pourquoi étudier les comportements ? Car ils sont les révélateurs les plus facilement observables (et de manière moins invasive) des émotions. Il n’est pas nécessaire de faire de prise de sang pour réaliser des dosages d’hormones par exemple.

Dans les années 60, les émotions des animaux étaient encore niées. Mais heureusement, elles sont de plus en plus reconnues de nos jours.

On accepte volontiers aujourd’hui que les mammifères sont capables de ressentir les émotions primaires que sont : la peur, la colère, la joie, la tristesse, la surprise, le dégout, la honte et le mépris.

En revanche, la possibilité qu’ils ressentent des émotions secondaires, qui nécessite une intelligence et un mode de pensée, reste controversé à l’heure actuelle (empathie, respect, morale…). L’observation de ce niveau d’émotion reste souvent à l’état anecdotique pour une bonne raison : il est difficile de mettre en évidence ces émotions sans engager la subjectivité de l’observateur. L’éthologie étant une science, les mesures objectives sont les seules acceptées. Mais de plus en plus d’études se penchent sur le sujet.

En résumé, prendre en compte le bien-être animal, c’est prendre en compte ce que les animaux ressentent, et donc leurs émotions.

Dans bien des cas, une étude éthologique permet de faire des adaptations dans l’environnement de l’animal (enrichissement de l’environnement, modification du système d’alimentation, réorganisation des activités…).

Cela permet d’améliorer les mesures zootechniques (meilleure productivité des animaux d’élevage), sémiologiques (diminution des maladies car le stress affecte le système immunitaire), et physiologiques (taux d’hormones de stress comme le cortisol moins élevés).

Sachant cela, il est nécessaire d’ouvrir nos portes d’intervenants en médiation animale aux éthologues ou aux stagiaires en éthologie. Car une de nos préoccupations est le bien-être des animaux avec lesquels nous travaillons. Dans ce cadre, j’accueille en ce moment une étudiante, qui observe mon chien, pour déterminer s’il fatigue plus en fonction du temps ou des activités, et qui m’aidera à construire des séances les moins fatigantes possibles pour lui.

Un autre champ de recherches intéressant pour la médiation animale mais controversé, est basé sur une nouvelle question : les animaux « travaillent »-ils ? Ce sera le sujet d’un prochain article.

Aurore Chartier, Ethologue et Intervenante en Médiation Animale

Pour Harmonie Animale, Ile de France

http://harmonie-animale.fr/