Contes de fées et médiation animale ?

Un autre regard sur cette pratique

Chers lecteurs,

La dernière fois que je me suis adressée à vous via le site internet de l’association dans l’article Qui est la 2ème intervenante en médiation animale de Coeur d’Artichien ?, cela fut lors d’une période phare et mouvementée: la rentrée ! En effet, c’était la rentrée scolaire mais aussi ma rentrée officielle en qualité d’intervenante en médiation animale chez Coeur d’Artichien après une période de formation de plusieurs mois. Aujourd’hui, je tenais à profiter de cette période de fêtes de fin d’année pour faire le point avec vous sur mes quelques mois de pratique.

Je ne souhaite pas faire ici l’éloge des bienfaits de la médiation animale (que vous connaissez déjà tous, n’est-ce pas?) ni même de mes certitudes sur cette pratique, mes réussites, mon plaisir quotidien à la pratiquer. Cela aurait été tentant en effet en cette période festive et magique de faire de mes premiers pas un conte de Noël. Mais avec Aurélie, nous avons trouvé important que je puisse vous faire part de mes surprises, de mes difficultés aussi, de mes questionnements en tant que débutante.

Et oui, la pratique de la médiation animale est passionnante, enrichissante mais elle nous confronte également à nos limites, à une réalité contraignante (chronophage, économique…). Mais, il faut bien le dire une réalité dont j’ai été protégée en intégrant une association déjà reconnue pour la qualité de son travail et son éthique, qui a pris le temps de penser sa pratique.  C’est en avancant aux côtés d’Aurélie que j’ai pu prendre conscience du travail déjà accompli durant ces quatre années, des étapes franchies, des embûches dépassées, que je n’ai pas eu à traverser.  Mais ce filet de sécurité m’a alors amené dans l’après-coup une pression que je n’avais envisagée : celle d’être à la hauteur des prestations proposées. Il s’agissait pour moi de m’inscrire dans la philosophie de Coeur d’Artichien tout en y apportant ma touche personnelle et mes compétences complémentaires : marcher dans les traces de pattes laissées par Aurélie et ses poilus, puis déposer les nôtres (à Caline, Safran, Choco et moi) au côté des leurs.

Par ailleurs, au fil des semaines d’intervention auprès des mêmes bénéficiaires, j’ai mesuré à quel point la parole était certes indispensable, mais pas suffisante en médiation animale. En effet, étant psychologue, mon outil principal est le langage, son étude. Pourtant initiée aux médiations thérapeutiques, il restait mon support principal et mon meilleur allié. Je ne pensais pas que cette pratique en médiation animale me demanderait de développer tant de supports différents. Elle me met au travail, me demande de décupler ma créativité afin de constamment me renouveler. Elle mobilise de nouvelles ressources, me conduit à élargir mon champ de compétences afin de travailler des objectifs variés tant dans l’animation, qu’à visée éducative, thérapeutique etc…

Une autre étape décisive et non moins mobilisante fut ensuite de décrocher mes propres structures : savoir mettre en avant ma pratique propre, la présenter et valoriser les atouts et bienfaits de la médiation animale en fonction de la demande et des attentes des institutions. Ce fut pour moi un exercice nouveau. Lors de ces premières rencontres, mes appréhensions furent différentes. Je ne m’inscrivais plus dans une continuité mais dans la construction de mon propre cadre de travail, dans une dynamique oh combien stimulante. J’ai osé prendre des risques, me faire confiance et faire confiance à mes quatre pattes, et lâcher prise !

Enfin, quotidiennement, j’ai mesuré à quel point j’exerce un métier d’équilibriste pour pouvoir tirer profit des réactions positives que la rencontre avec l’animal fait naître chez le bénéficiaire. Conserver une qualité d’écoute, de présence, être pleinement là, tout en étant attentive à l’animal, à respecter ses besoins.  Cela est primordial mais demande une gymnastique continue, mobilisatrice, énergivore. Ce qui annonce sans nul doute une année à venir pleine de rebondissements, de surprises et de questionnements dont je ne manquerai pas de vous faire part.

En attendant, je vous souhaite à tous de très bonnes fêtes ! A bientôt.

Orlane Front

Intervenante en médiation animale

pour Coeur d’Artichien