Chers lecteurs,

On vous a déjà parlé dans l’article Médiation Animale en prison avec l’association AMADEIS (Septembre 2011) du projet qui sort des chemins battus de l’association AMADEIS, de mettre en place des activités de médiation animale à la Maison d’Arrêt de Fleury Mérogis avec des détenus mineurs garçons et filles. Cette activité a lieu pendant les vacances scolaires.

Cet été, nous avons eu le plaisir de pouvoir accompagner Laetitia Médard pour 4 séances de médiation animale dans ce monde si particulier qu’est le pénitentiaire.

Laetitia Médard fait deux sortes de séances au CJD (Centre des Jeunes Détenus) et à la MAF (Maison d’Arrêt pour Femme) :

• avec des rongeurs : cochons d’inde, lapins, chinchillas,

• avec 4 ou 5 chiens de toutes tailles (petit, moyen, gros).

Chaque séance a pour objectif, de permettre à ces mineurs de quitter le temps d’un atelier le monde carcéral pour le monde canin ou animal. Les séances sont réalisées au sein de l’établissement pénitentiaire.

Les jeunes de tout horizon géographique, parfois ne parlant pas la même langue, viennent rencontrer ces animaux pour :

• découvrir leur mode de vie,

• leur mode de communication,

• leur manière de s’alimenter.

Au fur et à mesure du temps, les langues se délient, les jeunes dépassent leur appréhension, se détendent, parfois parlent d’un petit bout de leur histoire, parfois de leur ressenti sur leur incarcération, parfois ils préfèrent ne parler que de l’animal qu’ils ont choisi.

En effet, les jeunes peuvent choisir un animal parmi tous ceux présentés. Souvent un animal attire le jeune plus que les autres, et quand on discute avec l’éducateur PJJ qui accompagne ces séances, on constate que l’animal choisi fait écho à la problématique de l’adolescent.

Choisir une petite chienne Teckel nain qui donne envie d’être cajolée, ou qui semble avoir besoin d’être protéger va permettre au jeune de créer un lien, une relation spécifique avec cet individu chien là et pas avec un autre. Un autre jeune aura envie de travailler avec un gros chien, plus impressionnant qui semble moins facile à manipuler pour faire un parcours de motricité, mais en même temps, qui peut être bien plus sécurisant pour ce même jeune. Vous ne vous sentiriez pas plus en sécurité avec un gros molosse qu’avec un petit Teckel de 4 kg ?

Des couples humain-animal se forment pour un temps illimité. Illimité car le chien ou le rongeur ne reste peut-être qu’une heure avec le jeune, mais l’expérience nous montre que le jeune n’oublie pas ce temps de rencontre si singulier, il reste ancré dans sa mémoire, dans son imaginaire et dans son monde affectif. Combien de fois peut-il penser à ce chien qui a croisé son chemin à un instant T de sa vie ?

La présence de ces animaux offrent également aux jeunes un moyen d’assouvir un besoin primaire chez l’humain : toucher et être touché par un autre humain ou animal dans un contexte de douceur et de détente.

La rencontre avec les rongeurs a également ouvert sur de nombreux sujets de conversation avec les détenus. En observant cochons d’inde et lapins interagir entre eux sur la table, Laetitia Médard a pu rebondir sur des situations de la vie quotidienne, sur la question de la cohésion de groupe, la détention et bien d’autres encore.

Durant cette expérience professionnelle, j’ai été impressionnée par l’effet des animaux sur les professionnels du monde pénitentiaire. Durant les 1eres secondes où on arrive dans ces lieux un peu austères, nous sommes comme des étrangers, sans connaître les codes de conduites à tenir pour être en règles, mais durant les secondes suivantes, quand les professionnels découvrent ce qui se trouve au bout de la laisse ou tout simplement caché dans la cage de transport, encore une fois les visages se détendent, les sourires apparaissent et les langues se délient.

Voilà comment faire rentrer des animaux dans le monde pénitentiaire peut permettre d’humaniser le monde carcéral.

Pour plus d’information sur AMADEIS :

http://www.amadeis.org/

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Bonne semaine et à la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !

Aurélie Vinceneux